« Dès lors, elle valorise le travail manuel et l’artisanat, qui préservent le lien et l’esprit d’amitié entre les travailleurs, indispensables à toute société harmonieuse. Cette question l’habite, la tourmente, comme en témoignent ses échanges avec les pères dominicains Joseph-Marie Perrin et Marie-Alain Couturier, qu’elle interroge sur l’orthodoxie de ses positions, ses résistances… « Elle exprime beaucoup de difficultés vis-à-vis de l’Église, mais elle était aussi en relation et en discussion avec des religieux, elle aimait beaucoup assister à la messe… Aussi son rapport à l’Église est-il plus complexe que ce que pourrait laisser penser ses critiques », souligne le théologien Michel Fédou. Il s'agit de savoir ici ce que sont les religions en général, et non de parler de telle ou telle religion. « Les dogmes de la foi ne sont pas des choses à affirmer. La philosophe utilise le terme « déracinement » pour désigner une manière d’être jeté dans un monde déréglé, privé de rapport au bien et à la vérité, coupé de son passé et de sa culture. « Le chrétien le mieux instruit peut encore apprendre beaucoup de choses divines des autres traditions religieuses, bien que la lumière intérieure puisse aussi lui faire tout apercevoir à travers la sienne », écrit-elle dans la Lettre à un religieux. Simone Weil distingue deux formes d’Église, dont elle perçoit la coexistence. Tant qu’elle prétend être autre chose, il est inévitable qu’elle soit enfermée à l’intérieur des églises ou qu’elle étouffe tout en tout autre lieu où elle se trouve. À première vue, la philosophie et la religion peuvent sembler avoir le même principe fondamental, mais c'est la démarche pour atteindre celui-ci qui est complètement différente. Au sens antique, est « philosophe » la personne qui « cherche la vérité et cultive la sagesse1 », comme Socra… : le hasard microscopique nous restitue un espace de liberté, d’autant qu’il est à la base des bienvenues mutations biologiques sans lesquelles nous ne serions pas ici. Ce qui est vital, c’est que l’homme ne soit pas séparé du souffle de la transcendance, au quotidien. « La source principale des conflits actuels entre la religion et la science se trouve dans le concept d’un Dieu personnel. « Pour Simone Weil, il faut libérer le travail plutôt que de rêver d’être libéré du travail », résume Robert Chenavier. Pour changer l’état injuste du monde, Simone Weil ne croit ni à l’action salvatrice du peuple, ni à celle du prolétariat. En dénonçant l'imposture, en montrant que la science aboutit à l'affirmation métaphysique, qui est encore d'ordre purement intellectuel, nous entendons faire remplir à cette très haute sagesse naturelle le rôle de médiatrice nécessaire et de juge, avant de hasarder la religion dans d'indécises rencontres. Chez Simone Weil, l’enracinement n’est jamais identitaire, car il n’est jamais unique, corrige le philosophe Robert Chenavier. Ceci explique qu’à la fondation d’Israël, on lui proposa d’en devenir président, ce qu’il refusa arguant que la physique ne l’avait pas préparé à parler aux hommes. "Le philosophe et la raison" Les autres hommes sont déterminés à agir sans sentr, ni connaître les causes qui les font mouvoir, sans même songer qu'il y en ait.Le philosophe au contraire démêle les causes autant qu'il est en lui, et souvent même les prévient, et se livre à elles avec connaissance: c'est une horloge qui se monte, pour ainsi dire, quelquefois elle-même. Il faut bien distinguer la religion des philosophes de la religion des théologiens.. La religion est souvent conçue, dans les doctrines philosophiques du XIXe et du XXe siècles, comme scission de l’homme d’avec lui-même (Feuerbach), réalisation fantastique de l’être humain (Marx), ou même comme expression « névrotique » (Freud). Le hasard est finalement l’unique élément irrationnel que peut accepter le libre arbitre… Ce concept du hasard, de la chance, constitue la substance même du Dieu des Européens, ils possèdent là une divinité qui tire ses caractéristiques de ce refuge si essentiel au libre arbitre ». À Londres, au côté de la France libre, Simone Weil s’engage dans une réflexion destinée à préparer un projet de déclaration de droits pour la France de l’après-guerre. Mais la philosophe, qui a connu l’usine, n’est pas naïve. En 2000, cette édition riche et compacte a permis de regrouper les principaux textes de Simone Weil. « La religion ne consiste pas en autre chose qu’en un regard, poursuit-elle. Faut-il étendre le RSA aux moins de 25 ans ? « Le Christ devrait ne pas être absent des lieux où l’on travaille, de ceux où l’on étudie », écrit-elle dans Formes de l’amour implicite de Dieu. Hume L'Histoire naturelle de la religion Superstition et enthousiasme, Du suicide, De l'immortalité de l'âme Les religions ont une histoire, qui n'est pas celle de la … Inclassable philosophe, chrétienne sans Église, Simone Weil a traversé les turbulences des années 1930, portée... Muriel Salmona : « On n’est jamais responsable des violences qu’on a subies », Sinan Antoon : « En Irak, la religion ne doit plus définir l’identité », « Notre seule arme pour essayer d’alléger le quotidien » : rire en temps de crise, « Le jour où… j’ai fait une promesse à l’Everest », Thierry Frémaux, du tatami au tapis rouge, Dans les camps de Poutine, enquête sur les colonies pénitentiaires russes. Pour Simone Weil, le travail est une activité irremplaçable, car c’est dans le travail que l’homme entre en contact avec le monde réel et y participe. L’étonnement devant cet aspect rationnel du monde tourne en admiration, et ceci reste, pour Einstein, l’une des plus fortes racines du sentiment religieux : « L’expérience religieuse cosmique est la plus noble, la plus forte qui puisse surgir d’une recherche scientifique profonde. Michel Onfray, le philosophe, n'a peut-être jamais mis les pieds dans un musée comme le British Museum ou le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, regardé un article scientifique, ou n'est jamais sorti de France ! Fruit d’un colloque tenu en 2017, cet ouvrage interroge les rapports contemporains, divers, à l’œuvre déjà classique de Simone Weil. Pour elle, une démocratie coloniale participe des destructions du nazisme et du totalitarisme », relève Olivier Mongin. « Contre le déracinement, il s’agit avec Simone Weil de recréer collectivement des espaces-temps, des milieux, une échelle humaine, un équilibre, estime le philosophe Olivier Mongin. Cet enracinement se prolonge dans une attention à la création. « Simone Weil est extrêmement lucide sur les servitudes qu’engendrent les collectifs et les excès de la force : elle nous délivre de toute illusion dans les engagements collectifs, relève le philosophe Olivier Mongin, ancien directeur de la revue Esprit. Ishihara Mishima et l’ancien maire de Tokyo, Shintarō Ishihara, en 1956. Le thème de la religion naturelle est encore très présent au XVIIIe siècle selon trois modalités différentes : a/comme religion primitive retrouvée par la philosophie et convenante au philosophe chez Voltaire, qui en fait une arme contre le christianisme et l’athéisme, ou contre l’officine du « quatrième imposteur » ; b/comme religion savante du philosophe chez le sceptique David Hume qui lie la critique de la religion … «Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir.» / Isabel Espanol. On peut rendre la situation par une image : la science sans la religion est boiteuse, la religion sans la science est aveugle. Heureusement, la physique quantique offre une échappatoire (une planche de salut ?) «Les dogmes de la foi sont des choses à regarder avec une certaine distance, avec attention, respect et amour. Simone Weil produit une réflexion politique qui n’est pas indépendante d’une perspective religieuse, mais qui a une grande autonomie, analyse-t-il. \"Positives\" parce qu'elles ont été instituées (posées) par leurs fondateurs et par l'histoire. La religion. Première parution en 1779 (trois ans après la mort de Hume). Elle garde toute son admiration pour la philosophie grecque – « elle est éblouie quand elle trouve exprimé chez Eschyle ou chez Platon quelque chose du même ordre que la vérité de l’Évangile », souligne le théologien Michel Fédou – et poursuit avec avidité ses recherches sur les autres sagesses et spiritualités du monde. Elle cherche à comprendre ce qui a dysfonctionné dans les démocraties et permis l’émergence du totalitarisme. Ces écrits spirituels constituent une bonne porte d’entrée sur son œuvre. Œuvres complètes, tome V, volume 1 (1942-1943). « Si cet être est Tout-Puissant, tout événement, toute action humaine, toute pensée humaine, tout sentiment et toute aspiration est son œuvre. «Les causes de l’évolution sociale ne doivent plus être recherchées ailleurs que dans les efforts quotidiens des hommes considérés comme des individus », écrit-elle, voyant dans « la bonne volonté éclairée des hommes agissant en tant qu’individus (…) l’unique principe possible du progrès social ». C’est le cas du déisme et du théisme. En 1940 il envoie une contribution à une conférence « Science et religion » tenue à New York. Article «Philosophe», Encyclopédie, 1765, vol. C’est par exemple la phrase souvent répétée et qui sera commentée ici : « Je refuse de croire en un Dieu qui joue aux dés avec le monde », ou bien : « Dieu est subtil mais il n’est pas malveillant. Son discours politique qui invite à considérer les « besoins de l’âme » utilise un vocabulaire inhabituel en philosophie politique. C’est l’Église des croisades et de l’inquisition, qui condamne par l’anathème. Questions politiques et religieuses. « Simone Weil est probablement la dernière grande philosophe du travail en ce sens qu’elle tente encore de concilier travail et liberté, poursuit le philosophe. « Il faut définir le pire et le mieux, sinon on ne sait pas quel est le moindre mal », écrit-elle. XII, p. 509-511. page 1 1 Il n’y a rien qui coute moins à acquérir aujourd’hui que le nom de 2 philosophe; une vie obscure & retirée, quelques dehors de sagesse, avec 3 un peu de lecture, suffisent pour attirer ce nom à des personnes qui s’en Dernier volume paru des Œuvres complètes (qui comprendront quinze volumes) éditées chez Gallimard, cet ouvrage rassemble les écrits de la fin de la vie de Simone Weil. Pourtant rien n’est plus nécessaire à la vie que des descriptions semblables.» / Isabel Espanol, Cette lucidité ne bride pas l’engagement, mais le leste d’une grande vigilance. ». « La contemplation de la nature est, à ses yeux, un moyen de retrouver l’échelle humaine et l’essence de la beauté. Simone Weil n’imagine pas pour autant une libération du travail. Il ne peut y avoir changement sans une nouvelle hiérarchie des valeurs, où ne dominerait plus l’admiration de la force qui asservit « les puissants comme les faibles », et encore plus les premiers que les seconds, écrit-elle dans Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale. » Une controverse en résulta. », → CRITIQUE. ». L’autre est celle des mystiques, à laquelle elle se sent déjà appartenir. Autobiographie spirituelle, Cette foi est la mienne, Le Christ. © 2021 - Bayard Presse - Tous droits réservés - @la-croix.com est un site de la Croix Network, La Haute Autorité de santé en faveur d’une vaccination par les pharmaciens et infirmiers, Au Kosovo, l’espoir de tordre le cou à la corruption. Il n' a jamais entendu parler de cet ancêtre commun de tous les Européens, appelé Homme de Néandertal, arrivé depuis environ 400 000 ans en Occident, (d'où ? Il ne s’agit pas d’écologie scientifique, mais d’écologie paysagère, pourrait-on dire… », → CHRONIQUE. → PORTRAIT. Paru en 2014, pour le 70e anniversaire de sa mort, cet ouvrage collectif multiplie les points de vue (philosophie, science, littérature...) sur l’œuvre de Simone Weil. Simone Weil, une vigie dans des temps obscurs. ». Aujourd’hui la science nous révèle un immense univers dont on comprend grosso modo le mode de fonctionnement. «Les diverses traditions religieuses authentiques sont des reflets différents de la même vérité ; et peut-être également précieux.» / Isabel Espanol, Sa vision de l’universalisme chrétien s’enracine dans la méditation de l’Évangile selon Jean. Jacqueline Lagrée, La religion naturelle, PUF, 1991 (réédition numérique, 2015) XIXe siècle. »,note-t-elle dans un cahier de New York, en 1941. Sa résistance à entrer dans l’Église a aussi un versant positif. La religion le délivre de l’angoisse de la liberté. Professeur émérite, chercheur en physique des particules, spécialiste des neutrinos, Université de Paris. Dans le bouillonnement révolutionnaire de l’entre-deux-guerres, Simone Weil garde la tête froide. Elle croit bien davantage en la nécessité d’une profonde transformation de la culture. Les croyances religieuses peuvent exister en dehors de la religion, c’est-à-dire en dehors d’un culte ritualisé au sein d’une Eglise. 2017 - Incroyable ! Sa jeunesse le confronte à différentes religions : la foi juive familiale, puis un enseignement catholique dans une école de Munich suivi par un enseignement israélite au lycée ; sa première épouse sera grecque orthodoxe. Pour cela, elle pose sans cesse la question de sa finalité. Religion: La critique de la religion. Mais justement, le scientifique s’attache à restreindre le domaine de l’inconnu. « Nous vivons dans un monde où rien n’est à la mesure de l’homme, déplore-t-elle dans L’Enracinement. Émigré aux États-Unis, pays fondamentalement religieux, son attitude fut débattue publiquement. L’une, héritée de l’empire romain, est contaminée par l’esprit de la domination impériale. Séparées les unes des autres par des murs, les religions sont empêchées de percevoir l’abondante lumière pourtant répandue par Dieu chez les voisines… « Les diverses traditions religieuses authentiques sont des reflets différents de la même vérité ; et peut-être également précieux. La physique classique donne une réalité du monde connue de tout temps puisqu’on remonte vers le passé et on prédit l’avenir en appliquant les équations consacrées. L’Église peut demander qu’on leur accorde attention mais non exiger qu’on y adhère.» / Isabel Espanol. Les religions disent des choses fausses, les religionssont réfutables.3) Critique des religions en tant que solutions inadéquates, imaginaires et … « L’intelligence doit s’exercer avec une liberté totale, ou se taire », déclare la croyante qui demeure une philosophe. Il analyse l'histoire de la religion depuis le polythéisme, qui est sa forme primitive, jusqu'au théisme. Sa vie même sort de lui sans laisser aucune marque autour de lui. « Décrire sommairement un état des choses qui serait meilleur que ce qui est, c’est toujours bâtir une utopie. ... Elle croit bien davantage en la nécessité d’une profonde transformation de la culture. Cela vient de ce que la religion lui ôte la responsabilité angoissante de prendre son destin en main et de lutter pour changer l’ordre des choses. La philosophie pouvait investir pacifiquement le domaine réservé dans la religion à l’appréhension rationnelle – celui de la théologie naturelle –, mais alors d’un point de vue déclaré extérieur à … « Les diverses traditions religieuses authentiques sont des reflets différents de la même vérité ; et peut-être également précieux. Mais on ne s’en rend pas compte parce que chacun vit une seule de ces traditions et aperçoit les autres du dehors »,regrette-t-elle. fait que celui qui croit profondément en Dieu et qui agit de la façon indiquée par la tradition pour gagner le salut, a profondément besoin de cela pour supporter la vie. L’objet de la philosophie de la religion. « ”Le Verbe est la lumière qui éclaire tout homme”. » En effet, le fameux physicien se sert avec complaisance du mot Dieu. Contre la résignation devant l’injustice, contre l’assèchement de l’imagination politique, Simone Weil réactive la notion d’idéal. Sur ce point, sa pensée est dissonante par rapport aux philosophies du travail contemporaines qui cherchent une émancipation du travail, par la réduction du temps de travail ou par la création d’un revenu universel qui découplerait rémunération et temps de travail réalisé. « S’engager, c’est pour elle retrouver l’expérience spirituelle de l’engagement, poursuit Olivier Mongin. Elle imagine des entreprises à taille humaine, reliées en réseau, en remplacement des grandes structures où l’individu perd pied. ». de Christiane Rancé, Seuil, 256 p., 8,30 €. Cela implique la reconnaissance de la faiblesse, le respect du malheur de celui qui souffre. Les lois naturelles nous apprennent comment nous pouvons utiliser la nature en vue de réaliser des buts humains, mais non ce que doivent être ces buts. » Ces fréquentes références n’indiquent qu’une tournure de langage à usage symbolique. Elle croit possible la réalisation d’un travail libre au sein même de la sphère du travail nécessaire. C’est là le germe de tout art et de toute science véritable… Savoir que ce qui nous est impénétrable existe vraiment et se manifeste comme la plus haute sagesse et la plus rayonnante beauté dont les formes les plus grossières sont seules intelligibles à nos pauvres facultés, cette connaissance, voilà ce qui est au centre du véritable sentiment religieux. Covid-19 : que sait-on vraiment des cas de réinfection en France ? Fiche de lecture. «Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir », décrit-elle. Sa curiosité est sans limite. Mais si les croyances sont bien de nature religieuse, on ne peut pas parler de religion en ce qui les concerne. Après sa rencontre avec le Christ, Simone Weil s’approche du baptême. Quel texte plus formel pourrait-on désirer ? La mécanique quantique introduit un hasard obligatoire : on ne sait prédire la simple trajectoire d’un électron. La religion et la philosophie. Cf. ». TOP 10 des citations religion (de célébrités, de films ou d'internautes) et proverbes religion classés par auteur, thématique, nationalité et par culture. D’ailleurs, n’avons-nous pas vu ci-dessus que parmi ses synonymes, on trouve « la religion des philosophes », et le « théisme », qui est une position, non religieuse, mais théologique ? Le hasard dépend de notre niveau de connaissance et il était sans doute plus naturel d’avoir la foi dans les temps anciens quand l’homme vivait dans un monde limité et plein de mystères. « Jamais au contraire l’aération n’a été plus indispensable. La vie est douée, à travers sa croyance en un Dieu, d’un sens, et son individualité s’écroulerait sans cela. Prise au pied de la lettre, sa fameuse phrase suggère qu’il préférerait croire en Dieu ! Cela semble indiquer l’existence d’une réalité qui existe au-delà de l’espace-temps, ou du moins au-delà de notre compréhension. Écrits de New York et de Londres. L’Enracinement. ». Il y a toujours différentes racines, liées à différents milieux de vie : la famille, le village, le quartier, la nation, le travail, les cultures, les spiritualités… » Simone Weil précise d’ailleurs qu’on ne doit pas « confiner » les racines. ». Vénération du sacré, la religion prend la forme de rites1 qui se distinguent du temps profane comme temps des affaires humaines. « C’est un contresens complet. Elle n’est pas dans une attitude syncrétiste, ni relativiste, car elle est consciente de ce qu’il y a d’unique dans le christianisme : pour elle, c’est la vérité qui permet d’ordonner, presque d’harmoniser, cette pluralité religieuse, et il s’agit d’une vérité qualifiée, déterminée par l’amour et l’humilité du Christ sur la croix. Dialogues sur la religion naturelle, David HUME. Pour Simone Weil, le développement du capitalisme et la société moderne conduisent l’homme à vivre hors-sol, le déracine. Il serait anachronique de qualifier Simone Weil de philosophe de l’écologie, pourtant sa réflexion sur l’enracinement résonne indéniablement avec les préoccupations actuelles de l’écologie politique. ». ©Electre 2021. En 1929, il répondit par un télégramme envoyé à H. Goldstein : « Je crois au Dieu de Spinoza, qui se manifeste dans l’harmonie de l’existant, pas dans un Dieu qui s’abandonne au destin et aux actions des hommes. « C’est par le biais de la vérité répandue dans le monde qu’elle aborde la question de la pluralité des religions, confirme Michel Fédou. Sous la dir. Aussi vitaux que les « besoins physiques », avance Simone Weil, mais « beaucoup plus difficiles à reconnaître et à énumérer que les besoins du corps ». Université de Paris aporta financiación como institución colaboradora de The Conversation FR. Elle refuse l’idée que les dogmes puissent s’imposer à l’intelligence. Vous êtes connecté(e) automatiquement pour 24h. Ce sont des choses à regarder avec une certaine distance, avec attention, respect et amour, expose-t-elle dans sa Lettre à un religieux. », « Il n’y a aucune raison pour que nous nous croyions obligés à faire le bien, pour l’artiste athée à ce qu’il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l’admiration qu’il excitera importera peu à son corps mangé par les vers. Incroyable ! 15 févr. Elle a pu contribuer à augmenter la cohésion sociale des groupes humains et donc à améliorer leurs chances de survie. Elle déshumanise le monde, or l’idée de Dieu est éminemment humaine. « Ce qui me fait peur, c’est l’Église en tant que chose sociale », écrit-elle. Ces deux pensées sont-elles compatibles ? Einstein s’est efforcé de rétablir le déterminisme fort dans l’infiniment petit en imaginant des « variables cachées », et sa réflexion sur Dieu joueur de dés cristallise sa suspicion envers le caractère aléatoire de la théorie. La question est alors de savoir si raison et religion doivent s'exclure réciproquement. » L’existence d’un système logique expliquant la nature implique que des êtres pensants revendiquent un tel système. » Pour éviter ce dévoiement, elle plaide pour une ouverture large de l’enseignement aux sagesses religieuses. Le fait religieux est présent dans toutes les cultures humaines : fondamentalement, le fait religieux lie l'homme à des puissances qui sont plus qu'humaines. Néanmoins, un sondage indique que la proportion de croyants parmi les scientifiques est la même que celle de la population générale, et un physicien recevant le Prix Nobel déclara : « Découvrir une loi scientifique, c’est lire ce qui est écrit dans le cerveau de Dieu. Elle plaide pour que les travailleurs soient formés, partie prenante de leur travail, débarrassés du poids de la hiérarchie. Derechos de autor © 2010–2021, ASOCIACION THE CONVERSATION ESPAÑA. Dans un Univers entièrement déterministe et prédictible, il n’y a plus de place pour le surnaturel. Lettre de Pamphile à Hermippe : I. Justification de l'utilisation du dialogue pour parler de la religion naturelle. Une éclipse de Soleil s’interprétait comme un signe maléfique avant que la mécanique céleste l’ait rabaissé à un événement prédictible. La révolution ? Le grand livre de Simone Weil, le seul dont elle ait achevé la rédaction complète. À ses yeux, c’est donc en chaque individu que se mène le combat. Simone Weil et Joë Bousquet, une amitié spirituelle. ». Travail, spiritualité, engagement... Les enseignements de la philosophe Simone Weil, précurseurs pour leur époque, sont aujourd’hui toujours d’actualité. Aucune chance de trouver ce type de travail sur les chaînes des usines. En effet, la religion naturelle n’est nullement une religion empirique particulière, mais elle est le noyau commun à toute religion. La religion est ce qui apporte les réponses aux questions les plus compliqués en amenant l'homme à admettre. « Tout est déséquilibre. L’Église peut demander qu’on leur accorde attention mais non exiger qu’on y adhère.» Cette critique de l’Église s’enracine dans sa méfiance à l’égard de tous les collectifs institués, naturellement prompts à l’abus de pouvoir. Ex : le judéo-christianisme, l'islam, l'hindouisme, le bouddhisme etc. Simone Weil nous a fait l’amitié de nous illuminer, « Contre le déracinement, elle propose aussi que chacun retrouve la maîtrise de ce qu’il fait et du temps qu’il y consacre, autant dire le refus du travail à la chaîne au sens large, des délocalisations auxquelles on assiste aujourd’hui, en Chine ou ailleurs, complète Christiane Rancé, auteure de Simone Weil, le courage de l’impossible (Seuil). « Dans les deux cas est abandonnée la fonction propre de la religion, qui consiste à imprégner de lumière toute vie profane, publique et privée, sans jamais aucunement la dominer », indique-t-elle dans L’Enracinement. En effet, le hasard, parce qu’il mesure notre ignorance, semble lié à l’idée de Dieu, sinon pourquoi prierait-on dans les moments incertains ? — Il n’est probablement pas d’époque où les religions aient été l’objet d’une curiosité aussi passionnée et de recherches aussi patientes que ce dernier quart de siècle. Sa grande question, c’est comment agir, comment faire pour que les faibles soient moins faibles, sans céder nous-même à la force… », «Décrire sommairement un état des choses qui serait meilleur que ce qui est, c’est toujours bâtir une utopie. Tout d’abord, la religion satisfait la Elle amène chacun à renouer, pour son propre compte, le pacte originel que Dieu a conclu pour l’homme avec l’univers », prolonge Christiane Rancé. Elle l’accuse de trop peser sur les consciences, de contraindre l’intelligence, d’instaurer une forme de domination des esprits qu’elle juge même totalitaire. C’est le titre donné en 1949 par le père Joseph-Marie Perrin aux textes que Simone Weil lui avait adressés avant son départ de France. Dans la première partie de L’Enracinement, elle s’efforce de les identifier : besoins d’ordre, de liberté, de responsabilité, d’égalité, de hiérarchie, d’honneur, de châtiment, de liberté d’opinion, de sécurité et de risque, de propriété privée et de propriété collective, de vérité. Celui qui ne comprend pas les formidables efforts, le don de soi, sans quoi rien ne se crée de nouveau dans la pensée scientifique, celui-là ne saurait évaluer la force du sentiment qui seul peut faire naître une telle œuvre, éloignée comme elle est de l’immédiate vie pratique. 2 : La religion permet à l'Homme d'avancer en lui dictant la bonne conduite. Nommé à l’université de Prague, il rejoignit la communauté hébraïque, les développements politiques et l’antisémitisme ambiant firent de lui un partisan engagé du sionisme. François Vannucci no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado. Lors d’une conférence à Zurich en 1979, Friedrich Dürrenmatt osa dire d’Einstein : « Il parlait si souvent de Dieu que je le soupçonne presque d’avoir été un théologien déguisé. Dans Neige de printemps, Yukio Mishima esquisse un rapport entre Dieu et le hasard : « Parler du hasard, c’est nier la possibilité de toute loi de cause à effet. Si on habitue les enfants à ne pas penser à Dieu, ils deviendront fascistes ou communistes par besoin de se donner à quelque chose. En ce sens, et seulement en ce sens, je me range parmi les hommes profondément religieux. Mais pour le philosophe Marcel Gauchet, éditeur des Œuvres complètes de Simone Weil chez Gallimard, « sa pensée est tout à fait recevable par des lecteurs non croyants. Il est enfin possible de suggérer que la religion constitue une réponse à la dureté des conditions d'existence. Simone Weil. Mais ses écrits révèlent aussi sa méconnaissance de la tradition juive, dont elle ignorait à peu près tout. Les reproches qu’elle adresse à l’Église catholique sont en effet profonds. La religion a plusieurs fonctions. Einstein voudrait qu’il en soit toujours ainsi, mais justement, le déterminisme strict bute sur le déroutant hasard quantique. Sa vision de la laïcité est celle d’une laïcité ouverte, qui ne serait pas un ersatz de religion empêchant l’expression publique des religions et des spiritualités. L’attention au réel,de Robert Chenavier. L’idée de laïcité n’exclut en rien celle de spiritualité et, chez elle, la spiritualité est complètement étrangère à toute idée d’un ordre religieux ».