Ne l’accusons donc pas ici d’avoir « loué sa langue, » selon l’injurieuse expression de Théodore de Bèze, ni même de courtisanerie. Mais, après tout, cette note que sa gravité, si je puis ainsi dire, n’empêche pas d’être sensuelle, ne revient pas souvent dans les Sonnets pour Hélène, et le sentiment qu’il éprouve pour cette jeune fille est celui d’une admiration caressante et protectrice. Est-ce eux, dont le désir indéterminé d’amour et la capacité d’illusion ont revêtu Laure ou Cassandre de l’idéale parure de beauté qu’ils rêvaient ? En annexe, deux échantillons de pamphlets qui s'abattirent sur Ronsard. L’objet de l’ « imitation » est l’assimilation ; mais on ne s’assimile que ce qu’on dénature, et, de son vrai nom, l’assimilation est transformation. ». C’est ainsi qu’il faut soigneusement distinguer le premier Bocage, qui a paru en 1550, d’un second Bocage, qui a paru en 1554, et tous les deux du Bocage Royal, lequel d’ailleurs n’a pris ce titre, et n’a même été « constitué » qu’en 1584, dans la dernière édition de ses Œuvres que Ronsard ait lui-même donnée. Retiré tout à fait de la Cour, mal payé de ses pensions ou gratifications, pour le règlement desquelles on se sent un peu gêné de le voir employer le crédit de Mlle de Surgères « en récompense de tant de beaux vers qu’il avait faits pour elle ; » titulaire de plusieurs abbayes, mais troublé souvent dans sa jouissance par les incursions des bandes armées qui parcouraient son Vendômois et sa Touraine ; malade et aigri contre un siècle « où il semblait que tout allât en confusion et en ruine, » mais continuant toujours de lire, de composer et d’écrire, — son Hymne de Mercure et son Hymne de monsieur Saint Roch, qui n’ont paru pour la première fois que dans l’édition de 1587, doivent appartenir à cette époque ; — il fit à Paris un dernier séjour, au commencement de 1585, chez son ami Galland, principal du collège de Boncour, pour, de là, se transporter à Croix-Val, et enfin de Croix-Val à son prieuré de Saint-Cosme-en-l’Isle, près de Tours. On dirait de la Franciade l’aboutissement d’un genre épuisé par les imitations qu’on en a faites ou le nombre des copies que l’on en a tirées. De 1578 à 1584, Ronsard a donc encore rimé, ou publié à nouveau, 26 pièces en l’honneur d’Hélène ; et, de ces 26 pièces, il y en a jusqu’à 16 intercalées d’un seul coup entre deux sonnets de la première édition. effet, Ronsard, auteur du recueil de poèmes chrétiens. Avait-il songé peut-être, comme on l’a supposé, au sujet qu’à la même époque traitait en Italie le grand, le voluptueux et mélancolique élégiaque de la Jérusalem délivrée ? On ne s’attend pas, sur ce nom de Pindare, que nous parlions longuement ni à fond de cette poésie de l’ « athlétisme, » qui est l’occasion, sinon la matière des Néméennes ou des Olympiques, et nous nous contenterons de dire que les victoires des MiIon de Crotone tiennent peu de place dans l’histoire de l’esprit humain. Il ne se contente pas de penser en écrivant, mais il faut qu’il écrive « pour penser ». Car, c’est beaucoup que 190 ou 200 sonnets sur le même sujet, et consacrés à la même personne [5] ! Et, s’il ne l’est pas toujours, la faute en est donc moins à lui qu’à son temps, qui est le temps où la langue, dans son effort vers l’acquisition des qualités qui lui manquent, s’enrichit indistinctement de tout ce que le grec et le latin, l’italien et déjà l’espagnol, les parlers provinciaux, les vocabulaires techniques, semblent mettre à sa portée. On ne s’étonnera pas de l’entendre dire superbement, à ses adversaires mêmes : L’étranger, — l’Allemand, l’Anglais, l’Italien. Il serait d’ailleurs plaisant que l’on disputât à Ronsard le droit d’en user de la sorte avec lui-même, et nous nous en garderons bien ! La dernière modification de cette page a été faite le 7 avril 2016 à 18:34. Jeune encore, — il n’avait pas cinquante ans, en 1574, — mais vieilli et usé avant l’âge, par les plaisirs, dit-on, autant que par les épreuves, la mort de son roi, Charles IX, avait été la ruine de ses ambitions. » Sa langue a pu l’être, son inspiration ne l’est jamais. Télécharger le document Ronsard, Discours des misères de ce temps. Ne mettons pas en doute qu’il ait vu, dans le calvinisme, comme tant d’autres, et en particulier comme Rabelais, quoique son ennemi, non seulement une tyrannie nouvelle, — dont il n’y avait aucune raison de subir la loi plutôt que de l’ancienne, à laquelle on était fait et plié, — mais encore, et surtout, une affectation d’austérité qu’il avait le droit de considérer comme funeste, ou mortelle même, à la liberté de son art. » Mais si le sonnet était meilleur, on ne voit pas qu’il différât beaucoup des Sonnets à Cassandre, et, en tout cas, l’intention d’art en est visiblement la même. Montrer le mal occasionnée par la religion Avec Privilege du Roy. La valeur des « sons » n’a peut-être que de lointains rapports avec le « sens » des mots. « Hymnes » qui s’engage en faveur des Catholiques contre les Protestants en écrivant en 1562 Discours des misères de ce temps. To this period belong the Discours des misères de ce temps (1562; “Discourse on the Miseries of These Times”) and other Discours attacking his opponents, whom he dismissed as traitors and hypocrites with ever-increasing bitterness. Il y avait, dans cette formule d’art, précisément tout ce que Ronsard et ses amis se sentaient comme personnellement humiliés de ne pas trouver dans les proses rimées de Marot et de ses prédécesseurs. Rappel des liens sociaux, les catégories Cette variété se retrouve dans les combinaisons de mètres et de rythmes qui ont fait de lui, dès ses premiers débuts, et pour trois ou quatre cents ans, l’un des grands « inventeurs » qu’il y ait dans l’histoire de notre poésie. Aussi bien, dans ce second recueil, les imitations ou adaptations de l’italien et du latin, de Manille et de Catulle, de Properce et de Bembo, voire de Calcagnini, les allusions mythologiques ne sont-elles guère moins nombreuses, ni moindre la dépense d’érudition. Les Discours des misères de ce temps, ou la série de poèmes réunis sous ce titre, traitent à la fois de questions religieuses (refus des thèses de l'Eglise Réformée) et politiques (opposition à l'action politique et militaire des réformés). Presque toutes les combinaisons de rythmes et de mètres dont le français est capable, il les a inventées, ou, ce qui revient au même, il les a le premier mises en faveur. Je veux de … aussi nette, je pense, que la langue de Marot ou de l’aimable reine de Navarre, mais combien plus précise ! La note épicurienne est plus fréquente : Faisons seulement observer que, s’il y a là de l’épicurisme, il y a de la mélancolie dans cet épicurisme, j’entends cette mélancolie qui sort, comme l’a dit Lucrèce, de l’épicurisme même et du sentiment de la brièveté de nos joies. Les Discours des misères de ce temps, ou la série de poèmes réunis sous ce titre, traitent à la fois de questions religieuses (refus des thèses de l'Eglise Réformée) et politiques (opposition à l'action politique et militaire des réformés). Telle est la leçon qu’il a tirée de la fréquentation des anciens, et, en particulier, de celle de Pindare. Ronsard, alors, de dépit, s’isola de la Cour, séjourna plus souvent en son Vendômois qu’à Paris, revit ses Œuvres, les remania. Non, il ne se démentait point ; et il n’était pas « au contraire » de lui-même ; il se délassait seulement en de nouvelles amours, qui ne l’empêchaient pas de poursuivre ses premiers desseins ; et la preuve s’en inscrivait dans ses Hymnes, qui paraissaient pour la première fois, en 1555 et en 1556. S’il y a en français des « vers dorés, » ce sont les siens, et par aucun trait encore de son tempérament artistique il ne ressemble davantage aux grands Vénitiens : Giorgione, Titien, Paul Véronèse. Ronsard abuse, en général, de cet art qui ne semble pas art, et qui peut bien l’être quelquefois, mais pourtant qui n’est pas toujours art, et dont le vrai nom n’est alors qu’impuissance à gouverner soi-même le mouvement de sa pensée. Ronsard ne croit jamais avoir dit tout ce qu’il voulait dire, et il ne connaît de moyen de le dire que d’en accumuler les expressions diverses. S’il l’aime d’être jeune et belle, il l’aime d’être « sérieuse » aussi. IX, s’adressant à l’ombre de son frère François II : Nous étonnerons-nous après cela que le souvenir de cet amour, — osons écrire le mot, — ait retenu Ronsard dans le parti de la Cour et des Guises ? Ce vers est le dernier du second livre des Sonnets pour Hélène ; et, comme tous les épicuriens, Ronsard, nous le répétons, jouissait vivement de la brièveté même du plaisir. « Hymnes » qui s’engage en faveur des Catholiques contre les Protestants en écrivant en 1562 Discours des misères de ce temps. et plus forte ! Quel Français, ou quel catholique voudra lui reprocher d’avoir ainsi solidarisé, de manière à ne plus les distinguer lui-même l’une de l’autre sa croyance et son patriotisme ? C’est ce que l’on voit bien dans les Hymnes. Un professeur de littérature française à l’Université de Poitiers, M. Paul Laumonier, s’est voué depuis quelques années à cette tâche extrêmement laborieuse, mais non pas inglorieuse, de débrouiller la bibliographie des. Libertine et souvent lascive, grossière même quelquefois en ce sens, — et encore quand il se fâche contre les « ministreaux » ou « prédicantereaux » de Genève, — son inspiration n’a jamais été ce qui s’appelle « vulgaire. num., celui-ci sur vergé de Montval. Pierre de Ronsard, Discours des misères de ce temps, à la Reine Mère du Roi, vers 127 à 166. La Continuation des Amours de Ronsard, tel est en effet le titre, le titre original et authentique du second recueil ; et n’est-il pas significatif ? Discours des misères de ce temps (1562) Pierre de Ronsard Pierre de Ronsard est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. On s’explique donc aisément qu’étant tout ce que nous venons de dire, et tout ce que l’on vient de voir, les Discours, bien loin d’ébranler la royauté littéraire de Ronsard, l’aient au contraire affermie. C'est du registre Mais un jour d’avril, accompagné d’un sien ami, ralluma plus cruellement que devant un nouveau feu dedans son cœur, et devint amoureux et affectionné serviteur d’une jeune, belle, honnête et gracieuse maîtresse, laquelle il célèbre en cette seconde partie de ses Amours. et au XVIème siècle pour donner vie à des notions abstraites : vers 1, 17, C’est ainsi que Ronsard, tout en chantant Cassandre et Marie, et même à la fois deux Marie, ne dédaignait pas d’aimer moins platoniquement quelque « chamberière ; » et pourquoi non ? Mais il eut beau faire ! Voici un beau sonnet qui faisait également partie, en 1578, du recueil des Amours diverses : Est-il téméraire de supposer que ce sonnet a été d’abord écrit pour cette « Genèvre » que le poète a chantée dans ses Élégies, et qui n’était point, elle, Salviati ni Surgères, mais, nous dit un disciple et commentateur de Ronsard, « une haute femme, claire brune, mariée au concierge de la geôle de Saint-Marcel, et qui se nommait Geneviève Raut ? Mais elle ne désespère pourtant pas d’en triompher un jour, et, en attendant, elle le charge lui, Ronsard, de consigner à la postérité le souvenir de ces temps abhorrés : C’est, pour ainsi parler, le dernier mot de Ronsard, dans cette longue et passionnée polémique. Discours des misères de ce temps (Pour écouter le poème, veuillez cliquer sur la photo ci-dessous) Madame, je serais ou du plomb ou du bois, Si moi que la nature a fait naître François, Aux races à venir je ne contais la peine Et l’extrême malheur dont notre France est pleine. Car, tandis qu’il s’acharnait à ce labeur ingrat, les Élégies, les Poèmes de Ronsard, son Bocage royal, ses Sonnets pour Hélène nous sont témoins qu’il n’avait rien perdu de son génie. et plus ferme ! Ronsard, en ses Amours, manque parfois de délicatesse. Satisfait, au surplus, d’avoir une fois exprimé sa pensée tout entière, et d’être finalement sorti victorieux d’une lutte où il avait hasardé sa réputation et sa sécurité, le poète va maintenant retourner à ses studieux loisirs. Elle s’étend de 1564 à 1585, et elle comprend, avec une grande partie de ses Poèmes et de ses Élégies, la Franciade, le Bocage royal et les deux livres de Sonnets pour Hélène. » Quel rapport y a-t-il entre la corruption des prélats de cour, ou les scandales de la Papauté même, et la question de savoir si Jésus-Christ est ou n’est pas réellement présent dans l’Eucharistie ? et vers 17 : l'unité religieuse du pays garantit donc l'ordre ; RONSARD, Pierre de - Discours des misères de ce temps. Sur les discours des misères de ce temps de Ronsard - Livre - Dès qu'éclatent les guerres de Religion, au printemps 1562, Ronsard met sa plume au service de la cause catholique et royale. L’objet de son amour peut changer, mais les amours de Pierre de Ronsard continuent ! Envoyer leurs raisons jusqu'au Ciel, pour savoir. RONSARD, Discours des misères de ce temps, Jean Baillou éd., Paris, Les Belles Lettres, 1949 [ texte de 1584, avec variantes, qui met donc en valeur le «monument » que Ronsard a souhaité laisser à la postérité plus que l’engagement politico-poétique «de circonstance » ; éd. L’indiscrétion de quelques fouilleurs d’alcôves ne saurait prévaloir contre l’intérêt esthétique, ou philosophique même, d’une telle recherche ; et voilà pourquoi, ne sachant pas exactement quelle fut Cassandre, nous voudrions savoir qui fut Marie. 21 centimètres, l'émission littéraire présentée par Augustin Trapenard, tous les mois sur CANAL+. Le plaisir est une chose, et l’amour, tel qu’on le comprenait parmi les poêles de la Pléiade, en est une autre. Mais nous ne pouvons pas affirmer qu’ils soient ses « dernières poésies ; » et toutes les pièces qui ont paru pour la première fois dans l’édition de 1578, ou dans celle de 1584, peuvent leur en disputer le litre. Continuation du Discours des Miseres de ce Temps. S’il veut dire que Mnémosyne mit au monde les neuf Muses ensemble, il dira qu’elle les engendra d’une « seule ventrée ; » et au lieu de dire de Jupiter ou de Neptune qu’ils « bouillonnent de colère, » il nous les montrera « bouffans d’ire. Mais, conformément à l’exemple donné par le poète, — dans ses éditions de 1567, in-8°, de 1578, in-16, et de 1584, in-folio, — on réunit, sous ce titre général, une dizaine de pièces, formant ensemble deux ou trois mille vers, et, ainsi, matériellement, une, partie déjà considérable de l’œuvre de Ronsard. Et, en effet, lui, le poète accoutumé de la joie de vivre et de sentir, le voici qui chante la Mort, et qui la chante en grand poète, comme on ne la chantera plus de longtemps après lui : qui la chante « en chrétien, » et qui termine par ces beaux vers qui sont, en 1584, les derniers du recueil de ses Hymnes : En fait et à la rigueur, les Discours des Misères de ce temps se réduisent à deux pièces, qui sont intitulées, la première : Discours, et la seconde : Continuation du Discours des Misères de ce temps, toutes les deux datées de 1562-1563, et dédiées à la reine régente, Catherine de Médicis. Discours des misères de ce temps à la Royne mère du Roy : fac-similé de l'édition gothique inconnue conservée à la Bibliothèque nationale / Pierre de Ronsard ; publié par Alfred Pereire,... -- 1924 -- livre Le premier seul est même proprement pindarique, à la française ! il est aussi d'ordre spirituel. En quoi la forme poétique sert-elle le dessein Discours. Les Odes de Ronsard ont en quelque sorte déterminé les types essentiels du lyrisme français, — nous ne parlons encore que de la « forme, » — et fixé les modèles de l’Ode, non seulement classique, mais romantique. Et si l’on nous demandait comment et pourquoi donc il ne s’en est pas dégagé tout de suite, c’est précisément ce qu’il s’agit maintenant d’étudier. Cela est de tous les temps ; et, dans l’histoire de la littérature comme dans l’histoire de l’art, — mais surtout dans l’histoire de la littérature, parce que tout le monde y tient la plume, — il suffit qu’une grande renommée s’élève, pour que les rivaux soient tentés de s’en acquérir une, et on pourrait dire la même, rien qu’en se mettant en travers d’elle. Car, on sait bien, à la vérité, que tel de ses recueils a paru en telle année, — la première édition des Odes, par exemple, en 1550, ou celle des Amours en 1552, — mais d’une édition à une autre, le contenu du recueil a changé. On eût voulu croire jusqu’au bout qu’y ayant plus de tendresse que de passion dans le dernier amour du poète, la « raison » n’y avait donc pas tenu moins de place que la folie. C’est pourquoi, dans la Franciade, il y a un « dénombrement des vaisseaux, » il y a une « tempête, » il y a des « combats singuliers, » il y a un « songe, » il y a un « sacrifice aux Dieux infernaux, » il y a une « évocation des morts ; » et, bon gré, mal gré, dans les quatre Chants qui sont tout le poème tel qu’il nous est parvenu, il a fallu que tout cela trouvât sa place. Oui, certainement, il a aimé Cassandre Salviati et Marie Dupin ! professionnelles qui faisaient le tissu social sont elles aussi impliquées dans Mais, au lieu de frapper la victime, c’est la tête de la femme que, d’un coup de sa hache, Brennus fait tomber aux pieds du mari. Cela est trop Grec pour nous ! En effet, Ronsard, auteur du recueil de poèmes chrétiens. Mais, de plus, avec Ronsard et dans sa Franciade, le classicisme à ses débuts s’est heurté contre l’écueil où finalement il devait échouer. 2 (or 11) Sept., 1524, at the Château de la Poissonniere, near Vendôme; d. 27 Dec., 1585, at the priory of Saint-Cosme-en l'Isle, near Tours. On conçoit également qu’aux exigences de cette forme savante, le généreux projet lui ait souri d’adapter les qualités que personne encore n’avait reconnues dans la langue française, mais qu’il y croyait contenues. Et nous, à cette « fureur » nous aurions aimé qu’il se fût abandonné. Cette alliance ou cette union intime des deux arts sera même le principal objet de l’Académie qu’essaiera de fonder Charles IX. S’il y avait certainement, dans le renouveau du mouvement de la Renaissance, des élémens, ou, si je l’ose dire, des promesses de dégénérescence et de sénilité prochaines, on ne le voit nulle part plus clairement que dans la Franciade. D’une passion à la fois héroïque et mondaine qu’il était dans les Sonnets à Cassandre, l’amour s’est ici changé, dans les Amours de Marie, en une passion plus humaine, moins apprêtée, plus voisine de la réalité, plus conforme peut-être à l’épicurisme facile et léger de Ronsard, oserai-je dire à son tempérament ? Mais aussi n’est-ce point à elles, Cassandre ou Marie, ni même à lui qu’on s’intéresse en elles, mais à la question, capitale en littérature comme en art, de savoir comment un grand poète a compris les rapports de la nature et de l’art, ou de la fiction et de la réalité.